Ecris le 20 novembre 2012

Est-ce que c'est toujours comme ca, parler de la guerre ? Des phrases qui se terminent par trois points de suspension. Des regards gênés, des têtes baissés, de peur de faire une erreur. Et puis ces voix rauques, ces raclements de gorge, embarrasés. Les regards de ceux qui ne connaissent pas, innocents, qui se demandent comment ça fait, qu'est-ce que c'est tenir une arme, regarder en face, la mort, la peur, voir les horreurs dont on parle mais, comme tout le monde le sait, ce n'est jamais pareille quand ça se passe devant vous, quand c'est des gens que vous connaissiez qui gisent par terre. Connaissiez... l'imparfait. Le passé. Epoque revolue.
La guerre est l'histoire des hommes. Les hommes qui tuent. Les hommes qui haïssent. Les hommes qui aiment. Les hommes qui ont peur. Les hommes qui ont mal. Les hommes qui pleurent. Les hommes qui meurent. Les hommes qui ont tous le meme visage quand ils sont de l'autre côté. Les hommes qu'on imagine comme des monstres. Ils ne pourraient pas avoir un visage humain. Ils sont le mal. Mais le mal est partout et personne n'est tout blanc. Ça, ceux qui ont vécu ce qu'on ose pas dire par des mots mais plutôt par un regard, tous ceux la l'ont bien compris. Et ils soupirent la naïveté des autres. Pourquoi donc ? Ceux qui ont compris la stupidité humaine ont aussi compris que le seul mot ne suffit pas.